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DIOMAYE FAYE, PRÉSIDENT LÉGAL OU OBSTACLE STRATÉGIQUE ?
Par Cheikhou Oumar Sy et Theodore Chérif Monteil, Anciens Députés

Quand la légitimité devient un slogan, la République vacille.
Depuis quelques semaines, une fracture se creuse au sommet de l’État, non pas entre la majorité et l’opposition, mais au cœur même du pouvoir issu de l’alternance. Des voix s’élèvent, telles que celles de Guy Marius Sagna, affirmant que le Sénégal a « un président légal et un président légitime ». Ousmane Sonko évoque un projet politique antérieur à l’élection. Waly Diouf Bodian parle d’une « justice de rupture ». Tous convergent vers une même idée : Bassirou Diomaye Faye serait un frein. Mais quel frein, exactement ? À quel projet s’oppose-t-il ?
Il ne s’agit pas ici d’une simple rivalité politique, mais d’une tentative de contournement institutionnel où le président élu devient une figure secondaire, tolérée mais non pleinement investie. Le pouvoir réel semble se déplacer vers un noyau militant, plus radical, opaque, et surtout moins redevable devant le peuple sénégalais. C’est une démarche qui transforme la République en un terrain d’expérimentation, menacé de déstabilisation. Le vrai débat se pose ainsi : qui gouverne réellement ?
Le conflit des visions : légalité contre légitimité
Ousmane Sonko revendique une vision politique qui semble exister indépendamment du processus électoral, comme si le vote populaire n’était qu’un détail, un simple accessoire à un projet antérieur à l’élection.
Guy Marius Sagna oppose « légalité » et « légitimité », comme si la République pouvait se passer de ses institutions et de son cadre constitutionnel.
Waly Diouf Bodian, quant à lui, théorise une justice de rupture, comme si l’État de droit était une option et non une obligation fondée sur la Constitution.
Dans ce schéma, Bassirou Diomaye Faye, en tant que président légalement élu, devient l’homme à neutraliser. Non pas par l’opposition, mais par ses propres alliés. Il incarne une forme de modération, de légalité, de respect des équilibres républicains, et c’est précisément cela qui devient un obstacle pour ceux qui, derrière des discours de rupture, cherchent à imposer une autre vision du pouvoir.
Une République menacée par l’ambition personnelle
Nous refusons que le Sénégal devienne le laboratoire d’un projet illégitime porté par des ambitions personnelles. Nous rejetons l’idée qu’un messianisme politique puisse justifier la rupture avec les principes fondamentaux de notre Constitution. La République n’est pas un champ d’expérimentation ; elle est un contrat social, un engagement solennel. Aujourd’hui, ce contrat est menacé par des forces qui privilégient leur vision personnelle au détriment des principes républicains.
Le respect de la légalité et des institutions est la seule source de légitimité. La République ne peut être sacrifiée sur l’autel de projets politiques non concertés, flous, et potentiellement dangereux pour l’intégrité de notre pays. Nous exigeons un retour à la clarté et à la transparence.
Un appel au respect de la Constitution
La République du Sénégal mérite mieux qu’un duel d’ombres. Elle mérite un projet clair, transparent et loyal envers ses institutions et son peuple. Nous appelons tous les Sénégalais à exiger le respect de la Constitution et à soutenir la légitimité du président élu, Bassirou Diomaye Faye, qui a prêté serment devant le peuple le 2 avril 2025, en présence du Conseil Constitutionnel.
Il est impératif que Bassirou Diomaye Faye prenne toutes ses responsabilités en tant que Président de la République, qu’il assume pleinement le serment qu’il a prononcé, et qu’il fasse face aux défis de la gouvernance avec transparence et respect de l’État de droit.
Le Sénégal ne peut pas se permettre de tomber dans le piège de la division. La nation doit rester unie autour de ses institutions et défendre son droit à une gouvernance stable, conforme à sa Constitution. Il est temps de revenir à l’essentiel : l’intérêt supérieur de la nation, celui de garantir la paix, la sécurité et la prospérité à chaque citoyen, sans exception.